A force de lire un peu tout et n'importe quoi, de la recommandation de prudence qui vire à la paranoïa, jusqu'à l'incitation manifeste à se faire péter la tronche, j'aimerai faire quelques petits rappels concernant les accus et leurs possibilités.
La tension "U" : exprimée en volts (V), c'est, pour simplifier, la différence de potentiel entre deux pôles. On peut se la représenter comme la force qui fait circuler le courant dans un circuit, la pression dans un tuyau d'eau.
L'intensité "I" : exprimée en ampères (A ou mA pour milliampères), c'est la quantité de courant qui passe, à un instant donné, par un circuit. On peut se représenter le diamètre du tuyau d'eau.
La capacité "C" : exprimée en ampères-heure (Ah ou mAh pour milli...), c'est la contenance de l'accu. On la retrouvera plus loin appelée « C ». On peut se la représenter en imaginant la taille du bidon qui alimente le tuyau d'eau.
La puissance "P" : exprimée en watts (w) ou en volts-ampères (VA), c'est le produit de la tension par l'intensité. On peut se la représenter par la quantité d'eau qui coule du tuyau, son débit (dépend donc de la taille du tuyau et de la pression qui pousse l'eau).
Le courant de décharge continu maximum "CDM" : exprimé en facteur ou fraction de C (1/2C, 1C, 5C, 10C). C'est l'intensité maximale que pourra fournir l'accu sans le mettre en péril. Indiquée par le constructeur elle s'exprime par rapport à sa capacité. Un accu de 800mAh qui sort 1C sortira 0,8A (800mA), un accu 3100mAh qui sort 2C donnera 6,2A en toute sécurité. Un accu qui de 2000mAh qui sort 10C fournira donc 20A. Ce courant de décharge maximum dépend du type et de la qualité de la chimie employée par l'accu. Elle varie pour les Li-Ion de 1/2C à 2C, de 5C à 15C pour les IMR. Par analogie on pourrait la comparer à la taille du trou qui laisse rentrer l'air dans le bidon et l'empêche donc de se déformer en se vidant.
La résistance "R" : exprimée en Ohm c'est la force qui s'oppose à la circulation du courant. Un robinet sur le tuyau auquel on peut donner différentes valeur d'ouverture/fermeture. Plus la résistance est élevée (aka le robinet fermé) moins passe le courant (aka moins d'eau coule) toutes chose égales par ailleurs.
Puissance = tension(en volts) * intensité(en ampères) → P(W)= U(V)xI(A)
Intensité = tension(en volts) / résistance(en ohm) → I(A)=U(V)/R(Ω)
Pour calculer la puissance on peut donc utiliser :
Puissance = tension au carré / résistance → P(W)=U(V)²/R(Ω)
Ce qu'on appelle le sweet-spot, le graal des vapoteurs est, selon l'individu, généralement situé entre 8 et 12 watts. On voit dans la formule que pour s'en approcher il faut soit augmenter la tension soit réduire la résistance.
Li-Ion : d'un excellent rapport poids-encombrement/capacité et sans effet mémoire notable la chimie Li-Ion est la plus répandue dans nos accus. Son plus grand défaut est son instabilité. En cas d’emballement de l'accu, sous l'effet d'un court-circuit ou d'une trop forte sollicitation, ou en cas de surcharge : il peut s'emballer. Il va alors se produire une réaction en chaîne entraînant un dégagement thermique et une émission de gaz très brutale qui peuvent aboutir à une explosion si l'accu se trouve dans une enceinte confinée (étanche). Ceci conduit à préférer les accus Li-Ion protégés (contre les courts-circuits, surcharge, décharges brutales ou trop importantes). Les accus Li-Ion supportent des courant de décharge maximums généralement compris entre 1/2C et 2C (de ½ fois leur capacité à 2 fois leur capacité).
Les Li-Mn (IMR) : d'un rapport poids-encombrement/capacité inférieur aux Li-Ion, ils sont capables de supporter des courants de charge et de décharge plus importants. Leur chimie est par ailleurs considérée comme « stable ». Ceci ne les rends pas complètement inoffensifs mais assure un dégagement de chaleur et de vapeur moins brutal. Ces accus ne disposent généralement pas de protection pour 2 raisons : elle est moins nécessaire que sur un Li-Ion (car il y a moins de risque d'emballement) et les forts courants de décharge dont l'accu est capable imposeraient des circuits de protection tellement résistants qu'ils seraient beaucoup trop encombrants. Les accus Li-Mn supportent des courant de décharge maximums généralement compris entre 5C et 15C.
Les LiFePo : d'un rapport poids-encombrement/capacité intermédiaire ces accus disposent aussi de caractéristiques intermédiaires quand aux courants de charge et décharge maximums. Leur chimie est considérée comme stable (tout comme les IMR, ce n'est pas une garantie absolue) et ils sont le plus souvent dépourvus de protection (à confirmer). La majorité des LiFePo que nous utilisons en vapote sont toutefois limités à des courants de décharge maximum de 2C (alors qu'en modélisme on trouve des batteries capables de beaucoup mieux).
En l'absence de spécifications/recommandations constructeur sur le courant de décharge continu maximum (max continuous discharge rate) : il convient de s'aligner sur les valeurs les plus basses indiquées ci-dessus, selon le type de chimie.
Le point de sécurité concernant les accus sur lequel je tiens particulièrement à attirer votre attention est le respect du courant de décharge continu maximum. Il s'agit d'une information donnée par le constructeur, la respecter qui vous garantit de vapoter sans risquer de vous faire exploser votre accu dans la tronche (c'est rare mais c'est déjà arrivé).
Pour vérifier que nous sommes bien dans les préconisations du constructeur nous allons avoir besoin de connaître 4 valeurs :
- La tension : 3,7 volts pour un Li-Ion ou un IMR standard, 3v pour les CR2 ou r123.
- La capacité de l'accu : elle est exprimée en mAh par le constructeur
- Le courant de décharge maximum (on va l'abréger en CDM, mon clavier fatigue...vous aussi ? C'est dommage on attaque la partie intéressante) : exprimée le plus souvent en facteur de C, parfois en A (ce qui évite d'avoir à la calculer d'après le facteur de C et la capacité).
- La résistance de l'ato (ou du montage) : indiquée par le fabriquant ou mesurée au multimètre.
Tout ça pour ça ? Eh oui...
Ce qui nous donne pour un ato 1,5 et 1 seul accu 3,7v : CDM>2,4666666666..... (3,7/1,5)
Pour ce type de montage l'accu doit donc être certifié pour 2,5A minimum. Sachant qu'un Li-Ion de qualité sort 2C, il faudra donc qu'il ait une capacité mini de 1250mAh (2500/2). Un Li-Ion de basse qualité n'étant la plus part du temps capable que d'1C, il devra faire 2500mAh. Pour un IMR qui sort au minimum 5C on aura besoin que d'une capacité de 500mAh (2500/5).
Prenons maintenant le cas d'un ato 2 ohm et de deux accus 3V en série (soit 6v). Comme on le sait : quand on monte 2 accus identiques en série on double la tension sans modifier la capacité (2*3v-1000mAh=6v1000mAh).
On a donc maintenant besoin d'un CDM>3A (6/2). On voit que même en ayant augmenté la valeur de R (à 2 ohm) il nous faudra des accus de capacité supérieure. Avec des accus qui sortent 2C (rares dans les petits formats) il nous faut des accus d'une capacité minimale de 1500mAh. Comme bien souvent le CDM de ces petits accus est de 1C ou moins : il nous faudrait avec des accus premier prix des capacités (réelles en plus !) d'au moins 3000mAh, ça n'existe pas.
Dans la même logique testons du 7,4v avec un ato 1,5. : CDM>5 (7,4/1,5) On voit bien qu'à part l'IMR point de salut possible avec ces petits accus.
On devrait normalement mieux commencer à comprendre pourquoi la majorité des accidents avec les accus surviennent en HV avec des empilages de petits accus Li-Ion. Sachant qu'un empilement d'accu s'appelle un « stack » d'accus, on pourrait même être tentés de dire « stack d'accus=steack de main ».
La seule solution véritablement secure pour les tensions de vape supérieures à ce que peut fournir un unique accu 3,7v semble donc être le mod électronique régulé avec booster (penser à lui fournir des accus capables de sortir la puissance demandée). Et ce malgré son coût supérieur. La solution consistant à empiler des accus dans un full méca est un risque dont il faudrait mesurer les possibles conséquences avant de s'y essayer.
Pour vérifier si votre accu est capable d'alimenter votre mod avec booster : (Pm étant la puissance demandée par le mod et Um la tension du mod)
pour les mods à voltage variable (VV) :calculer la puissance demandée Pm=Um²/r
pour les mods à puissance variable (WV) : on sélectionne directement Pm sur le mod
divisez ensuite Pm par la tension de l'accu. Vous obtiendrez l'intensité demandée à l'accu qui devra rester inférieure à son CDM.
Utiliser un accu avec un courant de décharge maximum trop faible : C'est comme faire du saut à l'élastique avec un élastique de slip.
Utiliser un accu avec un courant de décharge maximum trop faible mais protégé : c'est comme faire du saut à l'élastique avec un élastique de slip, un casque et un parachute. On a une sécurité mais qui risque de se mettre en œuvre trop tard.
Utiliser un accu avec un courant de décharge maximum correct et une protection : c'est comme sauter à l'élastique avec le bon élastique, un casque et un parachute, une protection supplémentaire.
Utiliser un mod ou un ato réparable sans avoir contrôlé le montage au multimètre c'est toujours comme au dessus mais sans vérifier son harnais et la fixation de l'élastique.
Et si on aime pas le saut à l'élastique ? On cherche d'autres analogies
Pour finir de préciser ma pensée, mon choix s'est porté, pour les raisons indiquée ci-dessus, sur :
- des IMR utilisées en respectant les CDM préconisés par leur constructeur
- un mod doté d'un évent (pour éviter la montée en pression en cas de dégazage de l'accu)
- un contrôle au multimètre régulier du mod et des accu et systématique pour tout nouveau montage
Merci de votre patience, bien sûr ce post est ouvert au débat et aux informations complémentaires. Les experts sauront corriger les erreurs et inexactitudes ce post.